Finalement, venir se mettre au vert ici était à la fois une bonne et une mauvaise idée. La bonne était que personne ne lui demandait de travail plus dangereux que l’entretien des espaces verts de l’école. Cela avait quelque chose de reposant. La mauvaise était que Manzen était dans une situation plutôt explosive. Alors il avait recommencé à s’équiper. Seulement ici c’était plus compliqué. Il ne pouvait plus faire appel à ses anciens contacts qui ne géraient que l’Europe et encore principalement l’Est. Du coup, il avait été obligé d’improviser, trouver des petits gangs de rue prêts à lui refiler une arme de poing, commander en pièces détachées ou soudoyer des membres de l’armée américaine pour faire sortir des stocks des entrepôts. C’était plus compliqué et surtout plus cher. C’est pourquoi il avait recommencé à avoir des petits boulots. Il livrait des colis, escortait des VIPs, pistait des cibles afin de trouver de quoi les faire chanter. Mais pas encore de mission d’assassinat. Il n’avait pas encore assez de support matériel. Au moins pour tout ce qui était équipement tactique et armes blanches ça n’avait été pas trop compliqué. Le Japon avait cela de magique. Avec tous ces fanas de l’armée, trouver un gilet tactique, des rangers ou un couteau de combat avait été plutôt simple.
Il pensait à tout cela tandis qu’il s’occupait de ses hortensias. Le climat japonais n’était pas vraiment adapté à ces derniers mais qu’importe. Il trouvait que ça se mariait bien avec les cerisiers, prenant le relai floral une fois le printemps passé… Cela et d’autre plantes lui avaient permit de redonner une seconde vie aux espaces verts de Manzen, trop souvent brutalisés par des élèves peu soucieux de leur environnement. Mais quelques menaces et entailles bien placées lui avaient permit de retrouver un semblant de discipline. D’un autre côté, il n’était pas non plus trop strict. Tous ces ados pouvaient bien fumer et/ou copuler dans le coin autant qu’ils le voulaient tant qu’ils ne laissaient pas de mégots ou de préservatif usagé sur ses plates bandes.
Il ne savait pas non plus qui avait laissé échapper le fait qu’il ait été avocat il y a peu de temps de cela mais au final ce n’était pas une si mauvaise idée. Il s’était mit au droit japonais et donnait des conseils de temps en temps aux étudiants qui le lui demandaient. Comme par exemple ce qui pouvait être utilisé comme preuve ou non, comment avoir un bon alibi ou gérer un interrogatoire avec un polygraphe…
Bref c’était quand même plus reposant que son ancienne vie, même s’il savait que ça n’allait pas durer éternellement.
Les hortensias étaient enfin prêts. Maintenant il allait falloir s’occuper des géraniums.
